Les groupes

Les bienfaiteurs sont dénommés ainsi car ils sont tous issus de milieux aisés et influents. Ils sont à la base des clients qui ont appris à connaître les arcanes d’Evergreen jusqu’à finalement être « sélectionnés » pour leurs « qualités » spécifiques, pas uniquement pour leur portefeuille grâce auquel ils s’acquittent annuellement d’une généreuse contribution à Evergreen qui, en contrepartie, leur ouvre les portes d’un univers que notre monde contemporain réprouverait. Les bienfaiteurs sont en général des gens discrets, loyaux, intelligents et vifs d’esprit. Ils disposent également d’une excellente condition physique et s’affranchissent aisément de certaines règles morales qui régissent le commun des mortels mais tous obéissent à un code strict hérité de l’aristocratie des anciens peuples indigènes d’Amérique du Sud, en particulier des Incas. Si les sacrifices rituels n’ont plus cours au sein de cette caste reconstituée, l’esclavage sexuel et des chasses à l’homme très codifiées, souvent extrêmement violentes et mortelles, constituent leurs loisirs favoris.

Les bienfaiteurs sont le cœur des pratiques jalousement tenues secrètes par Evergreen. Ils sont les seuls, avec le personnel autorisé, à avoir accès à l’Île des Plaisirs qui se situe à quelques miles nautiques du continent. Tous ont réussi au moins une fois le rituel de la chasse durant lequel ils ont joué le rôle de la proie devant prouver qu’ils possèdent un puissant instinct de survie et l’âme d’un chasseur. On peut résumer les bienfaiteurs à une fraternité secrète, élitiste et dangereuse unie autour de valeurs particulières et d’un état d’esprit et de rites qui renforce leur sentiment d’appartenance autant que leur différence.

Ne nous leurrons pas, les clients viennent à Evergreen pour prendre du bon temps, pas regarder voler les papillons ou faire des séminaires sur l’empreinte carbone. On serait tenté de dire qu’ils sont le cœur d’Evergreen. Ils en ont entendu parler en bien (ceux qui en reviennent sont satisfaits au-delà de leurs espérances), savent que les prestations sont à la hauteur de leur standing. Le client est très souvent fortuné, jouit d’une position sociale enviée, paye cher (très cher) son séjour, et s’attend à ce que tout lui soit dû. Il passera des vacances inoubliables mais n’aura fait qu’effleurer le potentiel de ce que l’entreprise verte a à offrir là ou d’autres vivront le grand frisson et une expérience extrême et très différente de ce à quoi ils s’attentaient…

Ceux qui en sont jugés dignes (discrétion, forme physique, imagination, détermination, esprit aventureux et ouvert, etc.) seront autorisés à entendre parler du rituel de la chasse. De ce fait, être client chez Evergreen ouvre la voie à devenir un chasseur très particulier en même temps que proprétaire d'un esclave pour peu que l’on s’en montre digne. Mais cela est un autre problème. En résumé, les clients auront de multiples occasions de s’amuser chez Evergreen, même s’ils repartent la plupart du temps ignorants de ce qui se trame réellement sur le territoire immense de la multinationale.

Serenidad est un lieu de villégiature et de travail habité à l’année par de nombreuses personnes. Son territoire est très étendu. Le personnel est là pour faire vivre cette structure. Les emplois à pourvoir sont nombreux, à l’image de ce que vous pourriez trouver près de chez vous, à ceci près qu’ils sont adaptés à cette existence loin de tout, dans une contrée protégée et maintenue volontairement sauvage. Le but du personnel est justement d’offrir tous les bons côtés de cette situation, sans les inconvénients.

Quelques détails qui ont leur importance : tout d’abord, le personnel d’Evergreen n’est pas subordonné à qui que ce soit. Il se montre professionnel, sa mission est d’offrir la meilleure expérience possible, mais son employeur reste Evergreen et il n’a de comptes à rendre qu’à cette entité. Exceptionnellement, le personnel peut obtempérer aux directives des sentinelles s’il y a nécessité, mais dans ce cas de figure, il y a fort à parier que tout le monde serait concerné.

Ensuite, le personnel est au courant de la véritable nature de l’endroit. Il est astreint à une clause de confidentialité. Il peut être amené à travailler aussi bien au sein du village que dans la zone strictement réservée aux maîtres et à leurs esclaves. Ils tairont ce qu’ils voient, ce qu’ils savent, ce qu’ils entendent. D’abord parce que la rémunération est excellente, ensuite parce que travailler pour Evergreen est une référence, enfin parce que chacun imagine ce qui arriverait à ceux qui oseraient rompre le silence…

Les visiteurs sont essentiellement des scientifiques qui viennent étudier une faune et une flore exceptionnelle et préservée. Evergreen jouit du statut d’ONG, ce qui constitue une couverture idéale pour ses véritables activités sur le continent sud-américain. Serenidad reçoit également des journalistes triés sur le volet. Bien-sûr, nombre d’autres ONG, personnalités ou représentants officiels engagés notamment dans le développement écologique se rendent à Serenidad pour assister à des colloques et autres séminaires. Enfin, il peut y avoir de futurs employés gracieusement invités pour un entretien, des observateurs officiels, ou encore des hommes et femmes d’affaires venant négocier un marché avec la multinationale. Toutes ces personnes n’ont accès qu’au village ainsi qu’à des zones naturelles bien délimitées où l’on peut être sûr qu’elles ne courent aucun danger.

Les visiteurs ne peuvent en aucun cas susciter l’intérêt des bienfaiteurs et faire l’objet d’une appropriation en vue d’en faire de futurs esclaves. Les dangers pour Evergreen seraient bien trop grands. Mais, il existe toujours un moyen de s’arranger. Chez Evergreen, le client est roi.

Serenidad est le lieu des paradoxes : plus tout à fait un village, pas encore une ville au sens où nous l’entendons. L’endroit est certainement l’un des plus cosmopolites au monde : des centaines de nationalités s’y croisent chaque jour. En plus de la langue espagnole, l’anglais et le français dominent. Pourtant, beaucoup de places ont conservé l’authenticité des pueblos sud-américains. La richesse la plus ostentatoire côtoie une apparente pauvreté. C’est dans ce cadre qu’évoluent les résidents. Les résidents, ce sont les indigènes, beaucoup de commerçants et d’employés qui ne travaillent pas pour le compte d’Evergreen, les touristes, aventuriers de passage, étrangers qui ont choisi de s’établir ici… Bref, tous ceux qui ont une raison de se trouver là et qui n’auraient jamais eu la chance de se rencontrer ailleurs.

Vous essayez désespérément de vous remémorer ces dernières heures, mais impossible : le trou noir. Vous étiez en route pour le boulot, vous alliez voir une amie, vous faisiez du vélo le long du canal, vous étiez en boîte, vous faisiez du ski, vous étiez chez vous, attendant un coup de fil important, vous deviez visiter cet appartement…

Il vous est difficile de réfléchir. Vous reprenez conscience dans une sorte de cage de bambou. Autour de vous se pressent des indigènes mi-amusés mi-curieux. Ils vous pointent du doigt et parlent dans une langue que vous n’avez jamais entendue. La peur commence à vous étreindre quand vous réalisez que vous êtes loin, très loin de chez vous. Comment est-ce possible ? Tout autour de vous, c’est… la jungle… c’est un cauchemar, vous allez vous réveiller !

Sauf que non, tout cela est bien réel. Voyez le bon côté des choses, ce n’est pas encore la saison des pluies. Le mauvais côté ? Votre vie vient de vous échapper.

Le nom de ce groupe fait référence aux différentes peuplades autochtones qui disposaient (et disposent toujours pour certaines) de sentinelles pour se protéger et veiller sur leurs villages ainsi que leurs territoires.

En langage moderne, on dirait que les sentinelles forment le service de sécurité d’Evergreen. Ils protègent la tranquillité des habitants. Les plus aguerris peuvent partir en mission dans la jungle en autonomie totale, silencieux, invisibles, mortels s’il y a nécessité.

Les sentinelles n’ont de compte à rendre qu’à Evergreen, leur employeur, ce qui ne les exempts pas d’être courtois et professionnels en toute circonstance avec les autres acteurs présents sur le territoire. Ils concourent à offrir une prestation de qualité aux gens qui séjournent chez Evergreen et, à ce titre, méritent le respect comme autrefois les villageois étaient reconnaissants aux sentinelles pour le service inestimable qu’ils rendaient.  

La majeure partie des personnes œuvrant à la sécurité d’Evergreen est issue des forces spéciales du monde entier. La totalité est formée, entraînée, affutée, efficace, dévouée, loyale, et létale si nécessaire.

Le rôle le plus médiatisé mais aussi le plus contoversé des sentinelles est probablement la lutte implacable, jugée hyperviolente et disproportionnée menée contre le braconnage, la déforestation, les narcotrafics ainsi que la destruction des bases arrière des factions armées qui voudraient importer leurs conflits sur le territoire d’Evergreen.

La surveillance des esclaves et l’enlèvement de ceux-ci partout dans le monde constitue la face cachée des sentinelles.

Les responsables d’Evergreen sortent en principe des grandes écoles et sont triés sur le volet : tests, entretien, étude de la vie privée. La culture d’entreprise est très forte dans la compagnie et généralement, on y fait carrière. Travailler pour Evergreen est gage d’excellence.
La promotion et la formation en interne fait partie de la politique et marche très bien aussi. Les employés motivés, à condition d’avoir les qualités nécessaires, peuvent aller très loin et la compagnie n’hésite pas à miser sur eux en concurrence des grands diplômés.
Une dernière façon de réussir chez Evergreen consiste à posséder des talents ou savoirs indispensables et recherchés. Le domaine militaire est un exemple parmi tant d’autres, une foule de métiers sont concernés et dans ce dernier cas, c’est l’expérience qui joue en votre faveur.

À Serenidad sont présents des responsables de la division Amérique du Sud. Il n’est pas rare de voir des membres de la direction repartir au bout de cinq années ou même deux ans sur un autre poste ailleurs dans le monde, cela fait partie de la politique de l’entreprise.

Les départements clefs sont la gestion, la communication, le droit, le marketing, la recherche et le développement, le domaine militaire qui se cache souvent derrière un vocabulaire jugé plus acceptable tel que « Sécurité » ou « Protection ». Les secteurs évoqués plus haut ne sont pas exhaustifs.

Inutile de préciser qu’à la tête de la division Amérique du Sud comme ailleurs, on ne trouve pas des enfants de chœur. Âmes sensibles, s’abstenir.